Le numérique dans l’éducation : vers une nouvelle école

Dans un contexte éducatif de plus en plus dominé par le numérique, une dichotomie apparaît entre l’adoption des technologies modernes dans l’éducation et le retour aux outils traditionnels tels que le stylo, le cahier et l’agenda. D’une part, la technologie numérique est mise en avant pour son potentiel à rendre l’apprentissage plus personnalisé, interactif et accessible ; d’autre part, l’utilisation excessive de la technologie peut créer une dissonance telle que certains experts sont enclins à réévaluer l’importance des méthodes d’enseignement traditionnelles. Ces positions, bien que divergentes, peuvent être considérées comme complémentaires si l’on part du principe que la technologie est un outil et que, comme tous les autres, elle doit être utilisée de manière consciente et calibrée.

Sommaire

Le risque d’un accès et d’une utilisation inégaux

Cependant, il faut prendre en compte les changements cognitifs induits par la portabilité et l’omniprésence de certains dispositifs qui peuvent affecter profondément la manière dont les étudiants apprennent et interagissent avec le savoir.

L’intégration des technologies numériques dans l’éducation comme le portail toutatice en Bretagne représente l’une des transformations les plus importantes de notre époque. Des outils avancés tels que le métavers, la réalité augmentée, les dispositifs immersifs, les plateformes numériques et surtout l’intelligence artificielle (IA) remodèlent l’environnement éducatif, offrant de nouvelles possibilités d’apprentissage personnalisé et interactif. Ces innovations soulèvent également des questions importantes concernant l’équité d’accès, la sécurité des données et les règles mêmes à adopter dans les écoles.

Dans ce contexte, le Times Education Supplement (TES), un hebdomadaire britannique destiné aux professionnels de l’éducation, a mené une enquête approfondie sur le potentiel et la criticité des technologies numériques dans l’éducation, en explorant des questions aussi diverses que le Digital Access Divide (l’inégalité d’accès à la technologie parmi les étudiants) et le Digital Design Divide (la capacité des enseignants à utiliser les outils technologiques de manière efficace).

Ces thèmes recoupent les recommandations de l’UNESCO et le cadre européen DigCompEdu 2.0, qui soulignent tous deux l’importance de la formation continue des enseignants et du développement de politiques garantissant un accès équitable aux ressources numériques.

Rapports du TES et de l’UNESCO

Le dernier rapport publié par le Times Education Supplement (TES) présente les résultats d’une recherche menée dans des écoles internationales, connues pour être à la pointe de l’utilisation des méthodologies d’enseignement. Le rapport révèle une inquiétude croissante des enseignants quant à la détérioration de leurs conditions de travail. En particulier, les enseignants ont signalé une détérioration de la dynamique et du climat au sein des classes, au point qu’il devient plus difficile de les gérer et de les contrôler.

Cette détérioration est attribuée à différents facteurs : outre les attentes et les pressions accrues sur les enseignants et les élèves, l’introduction massive des technologies numériques est également à prendre en compte. Les enseignants ont souligné la nécessité d’une protection et d’un soutien accrus de leur travail, ainsi que la nécessité de mesures visant à améliorer les conditions de travail et à préserver le bien-être mental et physique des éducateurs.

L’UNESCO,  souligne également les risques associés à l’utilisation non réglementée des technologies, recommandant des politiques qui protègent la sécurité et la vie privée des étudiants et promeuvent une utilisation équilibrée des ressources numériques.

Il ressort donc de ces rapports que l’intégration des technologies numériques dans l’éducation doit être gérée avec soin, par le biais d’une utilisation consciente et réglementée, afin de garantir que tous les élèves puissent bénéficier des opportunités offertes par le numérique dans un environnement éducatif sûr et inclusif : la technologie doit devenir un véritable soutien et non un obstacle à l’apprentissage.

Fossé de l’accès au numérique et fossé de la conception numérique

Avant d’aborder les mérites des dispositifs spécifiques utilisés dans les écoles, il faut dire que les deux rapports s’accordent sur deux risques fondamentaux qui peuvent compromettre l’équité et, par conséquent, le développement même d’un apprentissage de qualité.

Le premier est l’inégalité d’accès aux technologies numériques parmi les étudiants (Digital Access Divide) et c’est l’une des questions sur lesquelles le TES et l’UNESCO ont mis l’accent. Le problème principal est que de nombreux étudiants, en particulier ceux issus de milieux socio-économiquement défavorisés, n’ont pas un accès constant à une connexion ou à des appareils technologiques. De cette inégalité, qui ne peut que nuire aux possibilités d’apprentissage, est née la nécessité d’une intervention systématique au niveau des infrastructures.

Le deuxième risque réside dans les difficultés qu’éprouvent de nombreux enseignants à utiliser efficacement le numérique (Digital Design Divide). Le TES souligne qu’il faut avant tout les former correctement avant de leur fournir des outils qu’ils ne sauront pas utiliser par la suite. Cette proposition est en phase avec le cadre DigCompEdu 2.0, qui définit les compétences numériques nécessaires aux éducateurs dans le contexte européen, et avec le rapport de l’UNESCO.

Examinons de plus près les indications des deux rapports (TES et UNESCO) sur certaines technologies numériques que les écoles utilisent assez largement.

Écrans tactiles intelligents et dispositifs interactifs

Les écrans tactiles intelligents et autres dispositifs interactifs font désormais partie intégrante de l’environnement éducatif moderne. Ces outils permettent une interaction plus dynamique entre les enseignants et les élèves, facilitant les leçons interactives et l’utilisation d’applications éducatives avancées. Les recherches du TES montrent comment ces outils peuvent améliorer l’apprentissage en rendant les cours plus attrayants et plus participatifs.

Toutefois, l’UNESCO souligne que l’efficacité de ces dispositifs dépend de leur accessibilité et de la formation des enseignants. L’organisation recommande que l’introduction de ces outils dans les écoles s’accompagne de programmes de formation pour les éducateurs et de mesures visant à garantir l’égalité d’accès pour tous les élèves.

Intelligence artificielle et machines à apprendre

L’intelligence artificielle (IA) et les machines d’apprentissage représentent de puissantes innovations. Selon le rapport du TES, grâce à la richesse des données que l’IA met à disposition, les écoles peuvent créer des parcours éducatifs sur mesure pour les élèves. Les machines d’apprentissage peuvent également automatiser des tâches telles que l’évaluation et l’administration, libérant ainsi un temps précieux pour les enseignants et le personnel scolaire.

L’UNESCO est toutefois d’un avis différent et met l’accent sur les risques potentiels. Il s’agit en particulier du risque pour la confidentialité des données, mais surtout des distorsions possibles (biais algorithmiques) lors de la conception, du développement ou de l’entraînement de l’IA. Ces biais peuvent avoir un effet négatif sur le fonctionnement des algorithmes, avec des résultats injustes, discriminatoires ou simplement inexacts. L’organisation recommande donc une réglementation stricte et une plus grande transparence dans l’utilisation de ces technologies afin de s’assurer qu’elles sont utilisées de manière équitable et responsable.

Métavers et réalités immersives

Le potentiel éducatif du métavers et des technologies immersives, telles que la réalité augmentée (RA), la réalité virtuelle (RV) et les hologrammes, permet aux étudiants d’explorer des environnements tridimensionnels et de participer à des expériences d’apprentissage hautement interactives. Par exemple, grâce aux visionneuses VR et aux Hololens, les élèves peuvent « visiter » d’anciennes civilisations, explorer le corps humain en 3D ou simuler des scénarios scientifiques complexes.

Les technologies holographiques, qui créent des images tridimensionnelles visibles sous tous les angles sans lunettes spéciales, trouvent déjà des applications dans l’éducation. Ces technologies peuvent être utilisées pour créer des expériences d’apprentissage hautement immersives, telles que la visualisation holographique de modèles scientifiques complexes ou la simulation d’événements historiques. Le TES souligne que l’utilisation des technologies holographiques, si elles sont utilisées correctement, peut grandement enrichir l’apprentissage en permettant une compréhension plus profonde grâce à une interaction directe avec des représentations tridimensionnelles.

Cependant, tout en reconnaissant le potentiel de ces technologies pour enrichir l’expérience éducative, l’UNESCO insiste toujours sur la question de l’équité : il est nécessaire de veiller à ce que l’accès à ces ressources soit le même pour tous. Elle souligne également l’importance que l’utilisation de ces technologies soit toujours accompagnée d’une réflexion critique sur leurs impacts sociaux et éthiques, et de mesures garantissant que tous les étudiants, quelles que soient leurs ressources économiques, puissent en bénéficier.

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