La garantie décennale représente l’un des piliers fondamentaux du droit de la construction en France. Cette assurance obligatoire protège les propriétaires contre les vices cachés et les malfaçons graves affectant la solidité de l’ouvrage ou le rendant impropre à sa destination. Comprendre son fonctionnement et son périmètre d’application s’avère indispensable pour tout projet immobilier, qu’il s’agisse d’une construction neuve ou de travaux de rénovation importants.
Inscrite dans le Code civil aux articles 1792 et suivants, cette garantie engage automatiquement tous les professionnels du bâtiment intervenant sur un chantier. Elle constitue une sécurité juridique majeure pour les maîtres d’ouvrage, leur permettant d’obtenir réparation sans avoir à prouver la faute du constructeur.
Sommaire
Le cadre légal et les obligations
La garantie décennale s’applique obligatoirement pendant dix ans à compter de la réception des travaux. Cette période commence précisément lors de la signature du procès-verbal de réception, document officiel actant la livraison du bien et marquant le transfert de responsabilité.
Tous les professionnels de la construction sont concernés : architectes, entrepreneurs, maçons, charpentiers, couvreurs, plombiers et tout artisan dont les travaux sont incorporés à l’ouvrage. Chacun doit souscrire une assurance responsabilité civile décennale avant le début du chantier, sous peine de sanctions pénales pouvant aller jusqu’à 75 000 euros d’amende et six mois d’emprisonnement.
Le maître d’ouvrage (le propriétaire) doit également souscrire une assurance dommages-ouvrage qui permet une indemnisation rapide sans attendre les décisions de justice concernant les responsabilités. Cette assurance préfinance les réparations, puis se retourne contre les assureurs des entreprises responsables.
Les dommages couverts par la garantie

La garantie décennale couvre exclusivement les dommages graves compromettant la solidité de l’ouvrage ou le rendant impropre à sa destination. Sont ainsi concernés les fissures importantes dans les murs porteurs, les problèmes de fondations, les infiltrations d’eau majeures, les effondrements de toiture ou les défauts affectant la structure du bâtiment.
Les désordres d’étanchéité constituent une part importante des sinistres déclarés. Une toiture défaillante, des joints de façade défectueux ou un système d’évacuation des eaux mal conçu peuvent causer des dégâts considérables et relèvent de cette garantie si l’habitabilité du logement est compromise.
Les installations techniques indissociables de la construction sont également couvertes : système de chauffage, plomberie intégrée, installations électriques, ascenseurs. En revanche, les équipements amovibles comme les meubles de cuisine ou les volets roulants ne bénéficient généralement pas de cette protection décennale. Cliquez ici pour accéder à toutes les infos.
Ce qui n’est pas couvert
Il est crucial de distinguer la garantie décennale des autres formes de protection. Les désordres esthétiques ou les malfaçons mineures n’affectant pas la solidité ou l’usage du bien relèvent de la garantie de parfait achèvement (un an) ou de la garantie biennale pour les équipements dissociables.
Les dommages apparents constatables lors de la réception doivent être signalés immédiatement via des réserves inscrites sur le procès-verbal. S’ils ne sont pas mentionnés, le propriétaire perd son droit à réparation, sauf à prouver qu’ils étaient véritablement indécelables.
Les dégradations causées par un défaut d’entretien, une usure normale ou des modifications ultérieures ne sont pas prises en charge. L’assurance décennale ne couvre que les vices initiaux liés à la conception ou l’exécution des travaux.
La procédure de mise en œuvre
Face à un désordre potentiellement décennal, le propriétaire doit agir rapidement. La première étape consiste à déclarer le sinistre à son assurance dommages-ouvrage par lettre recommandée avec accusé de réception, accompagnée de photos et d’une description détaillée.
L’assureur mandate alors un expert en bâtiment pour évaluer la nature et l’ampleur des dommages. Ce professionnel détermine si le désordre relève effectivement de la garantie décennale et établit un rapport d’expertise chiffrant les travaux nécessaires.
Si l’assurance dommages-ouvrage reconnaît le sinistre, elle indemnise le propriétaire dans un délai maximum de 90 jours après réception du rapport d’expertise, puis se retourne contre les assureurs décennaux des entreprises responsables. Cette procédure évite au propriétaire des années de contentieux.
Vérifications essentielles avant travaux
Avant de confier un chantier à une entreprise, exigez systématiquement une attestation d’assurance décennale en cours de validité. Ce document doit mentionner précisément les activités couvertes et les montants de garantie. Méfiez-vous des professionnels incapables de fournir cette attestation : travailler avec eux vous expose à des risques financiers considérables.
Conservez précieusement tous les documents du chantier : devis, factures, plans, procès-verbal de réception. Ces pièces seront indispensables en cas de sinistre pour établir la chronologie et les responsabilités.